Interviews (Brésil – Minas Gerais 2013)

 

Le carnet de voyage du Brésil Minas Gerais 2013 est inclus dans les Carnets de voyages gemmologiques et dans le Manuel d’initiation à la gemmologie – Guide de Terrain Brésil Minas Gerais  

Découvrez les interviews de ces vendeurs passionnés qui abordent le commerce des gemmes de façon différente : Raquel travaille dans un des nombreux magasins de la Praça Tiradentes d’Ouro Preto tandis que Leonardo a son propre stand parmi d’autres exposants à Teofilo Otoni.

Topazes impériales Ouro Preto, Brésil

Raquel – Vendeuse à Ouro Preto

Pourquoi avez-vous choisi ce poste en bijouterie ?
J’ai toujours adoré les pierres et j’aime ce travail que je fais depuis 35 ans.

Gagnez-vous suffisamment ?
Pendant longtemps je ne gagnais que 700 reais, un salaire mensuel assez bas ; maintenant je gagne trois fois plus.

Pourquoi ?
D’une part parce que je continue à étudier plusieurs langues à l’Institut Culturel Brésilien des États Unis : j’étudie le français, l’espagnol et l’allemand. D’autre part, grâce à ma qualité d’accueil et à mes références car l’amabilité et la confiance sont primordiales dans cette branche.

Et la connaissance… Avez-vous reçu une formation pour apprendre à reconnaître les pierres ?
J’ai appris sur le terrain. J’ai travaillé longtemps avec un propriétaire de mines d’aigues-marines, les plus belles : les Santa Maria, avant d’entrer dans ce magasin où je continue à apprendre en exerçant mon métier.

Aimeriez-vous ouvrir votre propre boutique plus tard ?
Non : il y a des gens nés pour commander et d’autres pour obéir. J’appartiens à cette seconde catégorie et j’aime ma place. Ainsi je dors tranquille après le travail : pas de problème de gestion !

Avez-vous appris les métiers de la bijouterie ?
En ce moment j’étudie les techniques de fabrication, les designs et la confection des mailles en argent… L’Institut Fédéral du Minas Gerais donne des cours gratuits à Ouro Preto.

Avez-vous été à la Foire de Teofilo Otoni, la grande Feira annuelle ?
Oui. Cette année, avec l’école nous avons visité les ateliers de taille, les stands de gemmes et nous avons comparé les prix. Il y avait tant de variétés à voir et à découvrir ! J’ai vécu un moment inoubliable !

Avez-vous des contacts avec les garimpeiros pour acheter des pierres ?
Les garimpeiros viennent d’eux-mêmes ici et dans les boutiques aux alentours pour vendre toutes sortes de pierres provenant des mines…

Vendeur de pierres, stand à Teofilo Otoni, Brésil

Eduardo – Stand à Teofilo Otoni

Pourquoi avez-vous choisi ce travail ?
Mon grand-père vendait déjà des pierres et mon père a continué dans cette voie. C’est dans mon sang depuis trois générations : j’adore ce négoce !

Gagnez-vous suffisamment ?
Oui parce que je vends surtout aux touristes grâce à ma connaissance de l’anglais. Avant la crise, j’achetais et je revendais des gemmes de meilleure qualité pour le secteur de la joaillerie et aux collectionneurs qui recherchent des échantillons rares. Je gagnais beaucoup plus. Maintenant, je propose une qualité moyenne aux touristes ; par contre, je suis plus heureux car je touche une clientèle populaire : avant je traitais avec des gens riches.

Comment avez-vous appris à reconnaître les gemmes ?
Mon père et mon oncle m’aident. Je profite de leur connaissance plus étendue que la mienne. Il m’arrive de perdre de l’argent en commettant des erreurs d’achat car je ne connais pas toutes les pierres. Malheureusement, nous n’avons pas d’école de gemmologie ! J’ai une bonne expérience concernant les aigues-marines et la famille du quartz.

Aimeriez-vous louer un magasin plus tard ?
Non. Je préfère rester libre, garder du temps pour explorer…

Payez-vous des taxes au gouvernement ?
Cela dépend : si j’exporte de la marchandise, je paie les taxes des douanes. Si je vends à l’intérieur du pays, je paie les taxes fédérales et celles du gouvernement.

Taillez-vous les pierres que vous vendez ?
Je connais la technique de la lapidairerie mais je ne peux pas tailler toutes mes pierres car, dans ce cas, je n’aurais plus le temps de vendre ! Je donne à tailler la plupart d’entre elles : personne ne peut travailler seul !

Participerez-vous à la prochaine Feira de Teofilo Otoni, la grande foire d’exposition de pierres ?
Non, cela ne représente aucun intérêt pour moi.

Installez-vous votre stand tous les jours ?
Oui, sauf le dimanche. On nous laisse vendre ici parce que nous représentons le commerce authentique des gemmes de la ville et de l’état, le Minas Gerais étant un grand producteur de minéraux : nous sommes une sorte de carte postale vivante.

Comment vous procurez-vous les gemmes que vous vendez ?
Parfois je vais sur les mines ou j’achète aux garimpeiros quand ils viennent en ville proposer les pierres extraites des mines. Quelquefois j’achète dans la ville ou à un autre vendeur sur cette place…

Propos recueillis par Clémence Jude à Ouro Preto et Teofilo Otoni – Septembre 2013